Cartes universelles pour voyage sédentaire
Violaine Lafortune

Exposition du 18 janvier au 24 février 2024
Vernissage le jeudi 18 janvier dès 17h30

Cartes universelles pour voyage sédentaire

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Dans l’exposition Cartes universelles pour voyage sédentaire, Violaine Lafortune s’intéresse à la cartographie, plus spécifiquement à la quasi-obsolescence des cartes sur papier, par une série d’estampes supplémentées d’une application mobile. Détournant le potentiel de reproductibilité des arts d’impression en créant des variantes à partir de matrices d’aluminium et de polyester, l’artiste explore les concepts d’effacement et de transformation, en adéquation avec les profonds changements que le numérique induit sur notre manière d’être au monde. 

Le corpus de l’exposition est tiré d’une réflexion quant au passage des cartes physiques à celles de Google Maps et autres applications de cartographie numérique avec lesquelles nous nous orientons. Pour l’artiste, les outils numériques, bien que plus rapides et plus performants, ont pour désavantage de court-circuiter la possibilité de déambulations, de découvertes fortuites et d’autres hasards découlant de l’inefficience et de la vulnérabilité de l’outil papier. La quête d’efficacité au quotidien, la rapidité – par exemple, de se rendre à destination – et le caractère prescriptif des trajets proposés (et approuvés par Google) apparaissent comme des signes d’une société en accélération constante à laquelle les œuvres tentent de faire réfléchir. 

La lithographie est ici utilisée pour créer des séries de cartes, toutes différentes, dont les motifs topographiques irréels semblent disparaître ou s’effacer. Pour cause; l’artiste intervient sur les plaques encrées avant l’impression, pour retirer le pigment sur certaines parties et ainsi transformer les images. Ce procédé, que l’artiste qualifie « d’à la fois intuitif et contre-productif » court-circuite la fonction des arts d’impression de produire des tirages identiques. Ici, la reproductibilité de l’objet papier est plutôt évoquée dans le dispositif d’installation, où de nombreuses cartes pliées et roulées se retrouvent. Si certaines sont consultables, c’est plutôt par un code QR renvoyant à une application mobile créée par l’artiste que les cartes se déploient réellement. En effet, en utilisant son téléphone ou l’un de ceux mis à disposition dans la salle d’exposition, nous pouvons définir un parcours virtuel dans les estampes qui s’y trouvent reproduites numériquement, un voyage improductif voire inutile dans ce que Lafortune décrit comme un «Google Maps simplifié et contemplatif». 

Dans un renversement des usages, le corpus de Cartes universelles pour voyage sédentaire assigne une fonction esthétique à l’application mobile, là où il n’y a normalement qu’une expectative de rendement. En explorant les cartes, en jouant avec les échelles, les territoires et les temporalités, il est possible d’accéder à un espace virtuel allusif invitant à ralentir le rythme, là où aucun itinéraire ne nous contraint. 

- Texte d'exposition de Marie-Pier Bocquet

La démarche artistique de Violaine Lafortune s’appuie sur l’utilisation libre de concepts scientifiques pour explorer le monde qui l’entoure. La géographie, la géologie et la biologie alimentent sa pratique. Elle reprend et détourne les méthodes propres à ces disciplines pour découvrir les phénomènes sous un angle inédit et en révéler la substance poétique. Les projets de Lafortune recourent ainsi à des processus d’échantillonnage, de transcription, d’itération, d’observation, de documentation. Suivant une approche performative et multisensorielle, elle crée des œuvres sobres, souvent monochromes, qui expriment une tension entre rationalité et contemplation. 

Titulaire d’un certificat en arts plastiques (UQAT), d’un certificat en création numérique (UQAT) et d’un doctorat en géographie physique (Université Laval), son travail a été présenté lors d’expositions et de performances en Abitibi-Témiscamingue, au Québec, en Ontario, en Angleterre et en Suisse. Originaire de la région de Montréal, Violaine Lafortune vit et travaille à Rouyn-Noranda, Québec.

Crédit photo : Jean-Michael Seminaro

Cartes universelles pour voyage sédentaire

In her new exhibition entitled Cartes universelles pour voyage sédentaire [universal maps for a sedentary voyage], Violaine Lafortune focuses on cartography—more specifically the near obsolescence of paper maps—through a series of prints augmented via a mobile application. Subverting printmaking’s potential for reproducibility by creating variations from aluminum and polyester matrices, the artist explores notions of erasure and transformation consistent with the profound changes induced by the digital age and our way of being in the world.

The body of the exhibition is drawn from a reflection on the transition between physical maps and those generated by Google Maps, or any other application we use to orient ourselves. For the artist, these digital tools, although faster and more efficient, have the unfortunate side effect of short-circuiting any possibility of wanderings, serendipitous discoveries, and other happenstance resulting from the inherent inefficiency and vulnerability of the paper medium. The search for daily efficacy, speed—for example, in reaching one’s destination—and the prescriptive nature of the proposed (and Google- approved) routes are the telltale signs of a society in constant acceleration, one which Lafortune’s works invite us to challenge.

Her series of lithograph maps feature various surreal topographical motifs that all seem to disappear or dissolve. This is because the artist has modified the inked plates before printing to remove the pigment from certain areas, thus transforming the resulting images. This process, which the artist has qualified as “both intuitive and counterproductive,” bypasses a fundamental function of printmaking, namely to yield identical prints. Here, it is the display strategy that evokes the reproducibility of the paper map, using numerous folded or rolled- up prints. Although some are legible, most can only be truly accessed via a QR code linking to a mobile application created by the artist. Indeed, by using their own cellphone—or one provided by the gallery—, visitors can decide on a virtual itinerary through digital reproductions of the prints, an unproductive, almost useless journey, in what Lafortune describes as a “contemplative and simplified version of Google Maps.” In a reversal of tradition, the body of work making up Cartes universelles pour voyage sédentaire assigns an aesthetical function to a mobile application normally focused solely on results. By exploring these maps and playing around with their scale, geography and temporality, we can access an allusive virtual space that invites us to slow down, by freeing us from the constraint of a predetermined route.

- Exhibition text by Marie-Pier Bocquet

Violaine Lafortune’s artistic approach rely on the free use of scientific concepts to explore the world around us. Geography, geology and biology inform her practice. She borrows and twists the methods specific to these disciplines to discover phenomena from a new angle and reveal their poetic substance. Lafortune’s projects thus use processes of sampling, transcription, iteration, observation, documentation. Following a performative and multisensory approach, she creates works which express a tension between rationality and contemplation.

Violaine Lafortune holds a certificate in visual arts (UQAT), a certificate in digital creation (UQAT) and a doctorate in physical geography (Université Laval). Her work has been presented in exhibitions and performances in Abitibi-Témiscamingue, Quebec, Ontario, England and Switzerland. Originally from the Montréal area, she lives and works in Rouyn-Noranda, Quebec.

Mots-clés: Exposition,, Arts visuels,, Arprim,, Arts imprimés