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Comme nos façades érodées de papiers de Pandore
Gabrielle Desrosiers

Exposition du 12 septembre au 19 octobre 2024
Vernissage le jeudi 12 septembre dès 17h30

Comme nos façades érodées de papiers de Pandore de Gabrielle Desrosiers

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La pratique artistique de Gabrielle Desrosiers aborde l’installation dans une perspective scénographique en combinant notamment la sculpture, l’impression en tant que trace, le collage, le travail de l’image et la performance. Son travail se déploie dans une approche expansive où les œuvres de petits et grands formats, les objets trouvés et les constructions forment une trame à déchiffrer. Dans ce nouveau corpus élaboré en vue d’une exposition à Arprim, les thèmes de la ruine et de la perte sont mis en relation avec le panorama des Iles-de-la-Madeleine, où Desrosiers s’est établie. C’est avec un certain humour et un peu de critique sociale qu’elle aborde un état de mouvance et de précarité, ancré dans les aléas de la réalité économique actuelle.

Comme le titre l’évoque, le travail de Gabrielle Desrosiers participe à une certaine déconstruction de l’image comme surface sans matérialité, lui préférant l’idée d’une façade derrière laquelle il peut se trouver autre chose. Cela se manifeste de manière littérale dans son usage de dispositifs qui montrent leurs propres ficelles : les images sont incrustées dans sculptures ou imprimées sur des tissus, laissant leurs revers exposés et leurs constructions à vue. Le trompe-l’œil, si souvent convoqué dans les arts imprimés, est tenu à distance par la mise en vue de la facticité de la représentation : des fondations en ruines sont faites de boîtes de carton, les rochers sont des sédiments de papier mâché. La fragilité des matériaux donne corps à des formes en érosion, comme les berges des Iles-de-la-Madeleine qui reculent un peu plus chaque année.

L’idée de la ruine parcourt le travail récent de Desrosiers, qui, bien que foisonnant et coloré, interroge de manière oblique l’histoire de nos civilisations et leurs rapports à une consommation débridée, ruineuse au sens premier du terme. Ici, elle en évoque l’envers, utilisant les couvertures et les boites de carton typiques des déménagements comme symboles des maux sociaux et économiques actuels, tels les coûts de l’habitation, la hausse des évictions et la montée de l’itinérance (qui par ailleurs, n’épargne pas même les lieux les plus idylliques). Avec une ironie sans équivoque, l’artiste détourne l’imagerie de la devise américaine mais aussi celle de l’argent Canadian Tire, ce système de points-récompenses se voulant l’archétype des programmes de fidélisation des consommateurs tombé en désuétude, comme pour mettre en relief la disparité entre l’argent des élites et celui du petit peuple. Cette interprétation est renforcée par le titre de l’exposition faisant référence aux Pandora Papers, le nom donné à l’enquête journalistique ayant révélé en 2021 les manœuvres de fraude et d’évasion fiscale des plus riches de ce monde.

Usant du terme « simulation » pour décrire les conséquences de la manipulation des images et des objets dans sa pratique, Gabrielle Desrosiers utilise la reproductibilité de l’imprimé pour induire des effets de copie et d’illusion, qui mettent paradoxalement en lumière les qualités des formes qu’elle usurpe. Son travail récent pousse plus loin le croisement d’une recherche formelle et matérielle singulière à une réflexion latente sur les comportements de la société occidentale et les rouages du capitalisme, dont ses « artéfacts construits » en sont les signes, qu’ils soient factices ou bien réels.

- Texte d'exposition de Marie-Pier Bocquet


Née à Québec en 1986, Gabrielle Desrosiers détient un diplôme en scénographie de l’École de théâtre de Saint-Hyacinthe (2007), un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia à Montréal (2018) et de l’Académie Bezalel des arts et du design à Jérusalem (2017). Elle est récipiendaire du prix Irene F. Whittome en arts plastiques (2018) ainsi que du Prix Relève du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue (2020). Son travail a été présenté à Montréal, entre autres, au Centre des arts actuels Skol (2016), à Circa art actuel (2018), à la Fonderie Darling dans le cadre de la RIPA – Rencontre interuniversitaire de performance actuelle (2019) ainsi qu'ailleurs au Québec tel au Festival d’art performatif de Trois-Rivières (2019), au centre d'artistes l'Écart à Rouyn-Noranda (2020), à l'Espace F à Matane (2020), au Musée du Bas-Saint-Laurent à Rivière-du-loup (2021) ainsi qu’au centre d’artistes AdMare aux Iles-de-la-Madeleine (2022).


Comme nos façades érodées de papiers de Pandore [like the Pandora papers of our weathered facades], Gabrielle Desrosiers

Gabrielle Desrosiers’ art practice takes a scenographic approach to installation, combining sculpture, collage, image, performance and elements of printmaking. Her work unfolds expansively in smaller and large-scale pieces, found objects and constructions, forming narratives to be deciphered. In this new body of work developed for Arprim, ideas of loss and ruin are juxtaposed with the landscapes of Îles-de-la-Madeleine, where Desrosiers is currently based. With a sense of humour and a dash of social critique, her work explores a state of flux and precariousness rooted in the economic hardships of our time.

As the title suggests, Gabrielle Desrosiers’ work advocates for a deconstruction of the notion of images as mere immaterial surfaces, focusing rather on them as façades, behind which something else might be hidden. This manifests in a very literal sense in the artist’s use of various devices that reveal their own strings: images embedded in sculptures or printed on textiles, leaving their backs exposed, their structures bare for all to see. Trompe-l’œil, so often invoked in print, is kept at a distance, as works highlight the artificiality of representation itself: foundations in ruins are made from cardboard boxes, while rocks are sculpted out of papier-mâché sediments. The materials’ own frailty yields eroded shapes, reminiscent of the receding coastlines of Îles-de-la-Madeleine.

Ruin is a recurring theme in the Desrosiers’ recent work, which, although abundant and colourful, indirectly challenges the history of civilizations and its ties to unfettered, ruinous consumerism. The dark side of this system is represented using typical moving blankets and cardboard boxes as symbols of current economic and societal ills like the rising of housing costs, evictions and homelessness (from which even the most idyllic locations are not spared). With unequivocal irony, the artist highjacks the imagery of both American currency and Canadian Tire money—a now defunct rewards-points loyalty program—to underscore the wealth gap between the elite and the common folk. This interpretation is further strengthened by the title of the exhibition’s reference to the Pandora Papers, a major journalistic investigation that revealed in 2021 the widespread fraud and tax evasion practices of the world’s wealthiest individuals.

Using the term “simulation” to describe the consequences of her manipulation of images and objects as part of her art practice, Gabrielle Desrosiers uses print’s trademark reproducibility to induce effects of copy and illusion that paradoxically highlight the qualities of the usurped form. Her recent work pushes further the amalgam between her unique formal and material research, and a latent reflection on the behaviour of western society and the inner workings of capitalism, of which her “constructed artifacts” (whether real or fake) are the telltale signs.

- Marie-Pier Bocquet's exhibition text


Born in Quebec City in 1986, Gabrielle Desrosiers has a diploma in scenography from the Saint-Hyacinthe Theatre School (2007), a bachelor's degree in visual arts from Concordia University in Montreal (2018) and from the Bezalel Academy of Arts and Design in Jerusalem (2017). She is the recipient of the Irene F. Whittome Award in Visual Arts (2018) as well as Prix Relève from Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue (2020). Her work has been presented in Montreal at Skol (2016), at Circa (2018), at Fonderie Darling as part of RIPA (2019) as well as elsewhere in Quebec province such as the Performance Art Festival of Trois-Rivières (2019), at l'Écart in Rouyn-Noranda (2020), at Espace F in Matane (2020), at the Bas-Saint-Laurent Museum in Rivière-du-Loup (2021) as well as at AdMare in Magdalen Islands (2022). 


Arprim, centre d'essai en art imprimé et l'artiste remercient le Conseil des arts du Canada, Hélène Beaulieu (assistance technique) et Sagamie (impressions) pour leur soutien au projet.

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Mots-clés: Exposition,, Arts visuels,, Arprim,, Arts imprimés

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