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Fantômes de M
Sophie Lanctôt

Exposition du 6 au 22 mars 2025
Vernissage le jeudi 6 mars dès 17
h 30
Visite commentée en présence de l'artiste le samedi 8 mars à 14 h

L’artiste sera présente tous les samedis entre 13 h et 17 h
et sur rendez-vous

Fantômes de M de Sophie Lanctôt

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Un désir de transmission a été pour moi le déclencheur d’un projet artistique qui s’inscrit entre sélection, destruction, remémoration et interprétation.

Dans le chalet familial, je découvre un jour une grande enveloppe contenant des lettres écrites par ma grand-tante Marguerite. Elles sont adressées à sa sœur Laurentia, ma grand-mère paternelle. Datées de 1924 à 1946, elles proviennent des États-Unis, d’Italie, d’Indochine, de Polynésie et de France.

Dans notre histoire familiale, l’exil de Marguerite pendant plus de 20 ans nous a toujours fascinés. On aimait raconter sa vie de musicienne et de voyageuse.

Ses quelque 150 lettres écrites à la main témoignent d’un parcours inusité pour l’époque.

Parmi celles-ci, un passage m’interpelle :

« Chère Laurentia,

Pourquoi n’aurais-tu pas une boîte que tu pourrais tenir fermée à clé et dans laquelle tu garderais cette correspondance ? Car ce que je t’écris tient plus du journal que d’une véritable lettre… En ce moment, mes lettres peuvent te sembler bonnes à être censurées, mais plus tard, les choses ne se verront plus de la même manière. Et puis, ce n’est pas réellement de ma faute si les aventures font partie de ma vie. Ça peut devenir intéressant, il y a matière à roman, même plusieurs et pas banals… »

Laurentia a honoré la demande et conservé les lettres. Je découvrirai plus tard que ma sœur, poète et artiste décédée à 31 ans, puis ma mère, ont tenté d’écrire l’histoire de Marguerite et celle des femmes de notre famille, sans y parvenir. Je reprends ce legs et je travaille avec la force de l’inachèvement.

À travers le fil de l’exposition, les présences fantomatiques de Marguerite apparaissent sous différentes formes. Je choisis quelques lettres et je les altère en les entrecoupant de blancs et de dessins. J’interviens sur les photos de ses voyages. Des tableaux nous déplacent dans l’espace fragmenté du souvenir. Sur une table, le processus de création se donne à voir dans sa recherche entre l’archive et le fictif.

Les tactiques visuelles inventent ainsi de nouvelles formes de survivance à travers une matérialité fragile. 

C’est une façon de composer avec la disparition. 

La transformer. La traverser.


Sophie Lanctôt vit et travaille à Tiohtià:ke – Montréal. 

Le travail de Sophie Lanctôt s’intéresse à la mémoire et à la transmission, à l’expression de la fragilité et de la survivance par le dessin, la peinture et le collage. À travers un intérêt pour l’archive et les mots, son approche picturale se caractérise par un double processus d’effacement et de résistance du sujet, dans une tension entre forme et silence.

Elle a présenté son travail à Toronto et en Espagne, et elle expose régulièrement à Montréal, notamment en 2024 à la Fondation Molinari. En 2021, elle a participé au Symposium international de Baie-Saint-Paul où elle a réalisé une partie de ce projet. Elle a aussi créé plusieurs projets d’art public. Ses œuvres font partie de collections publiques – dont celles de la collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, de la Ville de Montréal et du Musée d’art de Rouyn-Noranda – et de plusieurs collections privées. Elle détient une maîtrise en peinture de l’Université Concordia.


Fantômes de M by Sophie Lanctôt

Exhibition from March 6 to March 22, 2025
Opening on Thursday March 6, 5:30 pm
Exhibition visit with the artist on March 8, at 2 pm

The artist will be present each Saturday from 1 pm to 5 pm
and by appointment.

A desire to convey a legacy was the starting point for an art project that exists between selection, destruction, remembrance and interpretation.

In our family cottage, I once came upon a large envelope containing letters written by my great-aunt Marguerite. They were addressed to her sister Laurentia, my paternal grandmother. Dated between 1924 and 1946, they came from the United States, Italy, Indochina, Polynesia and France.

In our family history, Marguerite’s more than twenty-year exile has always fascinated us. We loved recounting her life as a musician and traveller.

Some one hundred and fifty hand-written letters tell the story of a journey that was uncommon in its time.

Among them, a passage stands out for me:

“Dear Laurentia,

Why don’t you find a box that can be locked, in which to keep this correspondence? Because what I am writing to you is more like a diary than a real letter … At the moment, my letters might seem to you to be fit to be censored, but in time, things will not be seen the same way. Besides, it’s not really my fault if adventures are part of my life. It could become interesting, there’s material for a novel, or even several, and not ordinary ones at that…”

Laurentia honoured the request and kept the letters. I would later find out that my sister, an artist and poet who died at age 31, and then my mother, had both tried to write Marguerite’s story and that of other women in our family without succeeding. I’ve taken up the mantle and I work with the strength of incompletion.

Threaded through the exhibition, Marguerite’s ghostly figure appears in various forms. I select and modify a few letters by interspersing them with blank spaces and drawings. I alter photographs of her travels. Paintings take us into the fragmented space of memory. On a table, the creative process reveals itself as an exploration of archive and fiction.

These visual tactics thus invent new forms of continuation through a fragile materiality.

It is a way of composing with disappearance.

Transforming it. Traversing it.


Sophie Lanctôt lives and works in Tiohtià:ke—Montréal. 

Sophie Lanctôt’s work concerns memory and transmission, and the expression of fragility and survivance using drawing, painting and collage. Through an interest in archives and words, her pictorial approach is characterized by a two-fold process of erasing and resisting the subject, thus creating tension between silence and form.

Her work has been shown in Toronto and in Palma de Mallorca, and she shows her work regularly in Montreal, notably at the Guido Molinari Foundation in 2024. In 2021, she participated in the International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, where she presented a partial version of Fantômes de M. She has also received several public at commissions. Her works are included in public art collections: those of the Prêt d’oeuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, the City of Montreal, and the Musée d’art de Rouyn-Noranda. Her pieces are also included in many private collections. Sophie Lanctôt holds a Masters of Fine Arts in painting from Concordia University.

Crédit photo : Jean-Michaël Seminaro


Mots-clés: Exposition,, Arts visuels,, Arprim,, Arts imprimés

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